Depuis la loi Debré de 1959, l’enseignement religieux est présent dans les établissements scolaires publics français. Il se compose de deux parties distinctes : l’instruction morale et civique et l’enseignement des religions. Cette pratique, qui donne une place à la religion au sein de l’Éducation Nationale, est souvent débattue. Quels sont les avantages et les inconvénients de cet enseignement ? Pourquoi la religion a-t-elle sa place à l’école ?
Qu’est ce que l’instruction morale et civique ?
L’instruction morale et civique (IMC) remplace depuis 2018 l’« Education morale et civique » (EMC), mise en place en 2008. Les IMC ont pour objectif de former les futurs citoyens aux valeurs universelles et républicaines telles que la liberté, l’égalité et la fraternité. Elles comportent un contenu laïque et non confessionnel n’ayant pas pour but de promouvoir une certaine religion. Dans le cadre de cet apprentissage, les notions de respect, de tolérance et de responsabilité sont abordées.
Pourquoi intégrer l’enseignement des religions à l’école ?
En France, la loi 1905 relative à la séparation des Églises et de l’État imposait une distinction entre l’espace scolaire et l’espace religieux. Ainsi, quelques années plus tard, la loi Debré a permis l’intégration volontaire de l’enseignement religieux à l’école publique. Mais pourquoi, alors que la position de la République Française est laïque et officiellement neutre par rapport aux cultes ?
Tout d’abord, il faut savoir que l’enseignement des religions ne procède pas d’un choix idéologique, mais bien d’une obligation constitutionnelle. En effet, l’Article 2 de la Constitution impose à l’État de respecter toutes les croyances religieuses, et notamment celles issues de l’Islam, du Judaïsme, du Protestantisme ou du Catholicisme. Cette approche pédagogique permet, par ailleurs, de sensibiliser les jeunes aux différentes cultures et aux différences existantes. Elle offre aux élèves la possibilité d’approcher librement et consciemment leurs convictions religieuses.
Quelle place pour l’enseignement religieux ?
L’enseignement religieux est dispensé exclusivement par des professeurs spécialisés, à raison de deux heures par semaine. L’enseignement est ouvert aux élèves de maternelle, primaire et collège, même s’ils ne sont pas inscrits à l’option « Enseignement religieux ». La participation des élèves reste, bien entendu, facultative et anonyme. Les professeurs doivent veiller à ne pas transmettre un message dogmatique ou discriminatoire et à prôner des valeurs humanistes et communes.
L’enseignement des religions est destiné à favoriser le dialogue interculturel et à faciliter la compréhension mutuelle entre les membres d’une société plurielle. Il s’agit de promouvoir des valeurs universelles telles que la paix, la liberté, l’égalité et le respect de soi. Ce type d’instruction permet également aux élèves de mieux appréhender les croyances religieuses et d’enrichir leur connaissance du monde.
Les limites de l’enseignement religieux
Même si l’enseignement des religions a le grand mérite de faire prendre conscience aux jeunes des différences culturelles et religieuses, il peut susciter certains problèmes. En effet, cet enseignement risque de projeter sur les enfants des stéréotypes et des préjugés liés à la religion. Or, ces derniers sont contraires à l’idée d’une société moderne et laïque. Dans certaines classes, certains élèves peuvent se sentir discriminés et mis à l’écart en raison de leurs convictions religieuses.
Par ailleurs, il est essentiel de rappeler que l’enseignement religieux relève du champ privé. Sa présence à l’école ne peut en aucun cas être source de pression ou d’imposition. Ainsi, l’enseignant doit éviter d’exprimer ses propres convictions et se doit de respecter l’avis et les opinions de ses élèves. Il convient également de rappeler que l’enseignement des religions ne doit pas empiéter sur le programme scolaire : il ne doit jamais prendre le pas sur la matière principale.
Intégré dans les cours depuis 1959, l’enseignement religieux en France est aujourd’hui encore controversé. D’une part, il participe à la prise de conscience des jeunes vis-à-vis des cultures et religions différentes et contribue à leur formation citoyenne. D’autre part, il peut engendrer des préjugés et alimenter la discrimination. Toutefois, l’enseignement religieux tel qu’il est dispensé dans les écoles publiques ne représente pas une menace pour la laïcité. Son objet est de promouvoir la tolérance et le dialogue interculturel, sans être source de pression ou d’influence.